
La question « Qui suis-je » émerge véritablement après un divorce vécu dans la douleur en 2004. Tout ce que je croyais avoir « construit » alors s’effondre : mes repères, les certitudes que j’avais sur la Vie et le bonheur. Je cherchais l’Amour et ne voyais autour de moi que brutalité et violence.
La famille, les amis, très peu « comprennent » ce que je vis. Je me sens abandonnée, la solitude est prégnante, un grand vide intérieur est ressenti. Et toujours cette « tête chercheuse » qui fonctionne sans s’arrêter depuis des années tel un bourreau dictant sa loi. Comment la faire taire pour ne pas devenir folle ?
Je ne vois aucune issue, aucun moyen de m’y soustraire et surtout aucune « compréhension » rationnelle à cet état d’être, avec la culpabilité de ne pouvoir rien y faire ! Alors juste une envie de « m’enfouir sous terre »… avec à la fois cette étrange impression d’une Force Vive et Lumineuse sous-jacente qui ne me quitte pas.
La quête de sens commence, je VEUX saisir quelque chose de tangible pour ne pas être engloutie.
Psychanalyse, psychothérapie : j’y trouve un certain soulagement et puis très vite cette sensation de tourner en rond, et toujours ce vide angoissant et cette impuissance à maîtriser ce mental. Serait-il indépendant de ce que je suis ?
Alors, j’explore le corps. Il parle. Je découvre l’énergie par le Tai-Chi-Chuan, les soins énergétiques. Je fais pour la première fois l’expérience d’aller écouter l’émotion. C’est la découverte qu’elle n’est en fait qu’une sensation physique ressentie de manière plus ou moins intense. Et si je lui laisse la liberté d’être, elle se dissout. Étonnement.
Je peux ressentir ce que les autres ressentent. S’ensuivent plusieurs expériences « spirituelles » : le corps qui se fond dans l’infini pendant une relaxation profonde lors d’un stage de Tai-Chi ; les arbres qui deviennent tout à coup « vivants et me parlent » en traversant un parc.
Alors, si je suis ce corps physique, pourquoi n’y a-t-il, là non plus, aucun contrôle sur ce qui arrive ?
Et si je peux ressentir au delà, est-il vraiment réel ? Et ce monde que je vois est-il lui aussi réel ?
Plusieurs livres s’offrent à moi : Ce qui est de Tony Parsons, Le pouvoir du moment présent d’Ekhart Tolle et d’autres : je découvre ce qu’est l’Éveil. Je participe à un groupe de méditation Ekhart Tolle avec écoute audio et silence. C’est à la fois un choc et un soulagement sur ce que je pressentais : je ne serais ni le mental, ni le corps… Mais alors qui ?
L’appel se fait de plus en plus pressant et je ne sais où il me mène. Je rencontre Betty une journée. Je viens chercher une nouvelle réponse « intellectuelle ». Je saisis ce qu’elle dit mais quand je lui pose des questions, ses réponses ne me donnent aucun contenu sur « qui » je suis.
Je note certaines phrases pour les conserver, comprendre enfin !
« Il y a juste à s’asseoir sur un petit banc et regarder » ;
« Il n’y a rien à améliorer, abandonnez tout ce que vous savez » ;
« Vous cherchez dans la poubelle du passé pour vous sentir vivants ».
Je ne comprends pas ce que veut dire « regarder », je n’ai pas envie d’abandonner mes connaissances, moi qui lis énormément : ça résiste. Et je repars sans rien sur quoi « me » raccrocher, le vide est toujours là… Colère !
Il n’y aurait donc aucun sens à toute cette recherche ? Pas d’échappatoire à ce qui est là ? Désespoir.
En novembre 2013, je participe à un séminaire avec Gérard, je ne sais même plus ce que j’attends.
À un moment donné, il me dit : « Tu es la simplicité même ».
Cette phrase se retourne, « je l’épouse, l’embrasse » dans son entièreté. Je deviens cela même, c’est lumineux. Un grand soulagement est ressenti.
Puis à peine plus tard, nouvelle vision. Je réalise : « Cela apparaît, il n’y a rien à faire c’est donc ce que l’on Est ». Gérard m’accompagne : « Oui, tu ne peux pas ne pas l’être… Une fois que c’est vu, c’est vu ». Pas de retour en arrière possible. C’est beau, l’Évidence même.
Ce retournement se produit à trois reprises dans la journée : changement de perspective. Je cherchais à l’extérieur ce qui était déjà là et que Je Suis. C’est instantané et si simple, rien d’extraordinaire, moi qui m’imaginais les « éveillés » comme des êtres à part, si différents et tellement lointains !
Je cherchais un état de bien-être et de paix profonde pour « moi » : paradoxe total puisque finalement aucune « gloire » n’en est tirée, aucune gratification : le personnage n’est plus.
Joie pure, sans cause. Des larmes de Gratitude pour cette re-connaissance montent. Les pleurs de retrouvailles me dit Gérard. Et quand il en parle il n’y a plus de doute, c’est là. C’est très doux.
S’ensuivent pendant quelques temps d’autres expériences où je vois, pendant la nuit, le personnage Marion et son fonctionnement, plus aucun jugement, juste ce qui est.
Et « mon histoire de vie » du moment vacille et s’écroule à nouveau avec la prise de conscience que les conditionnements au sein du couple que je vis depuis sept ans sont extrêmement forts et se répondent. Il est fondé sur des croyances dysfonctionnelles.
À nouveau, souffrances intenses, les émotions affluent, il semble que tout ce qui n’a pas été vu auparavant arrive d’un coup… et déborde.
J’ai l’impression de rejouer le même scénario qu’il y a dix ans, à cette différence près : l’écoute se fait et c’est Nouveau. Je dépose tout, des journées entières : accueil inconditionnel pour ce qui arrive sans rien rejeter, sans rien faire taire, sans plus aucune volonté de parvenir à un résultat et sans savoir ce qu’il adviendra ensuite. Les sensations corporelles et les pensées affluent, le calme Est. Je ne suis plus identifiée à ce qui arrive, cela se fait sans personne.
Pendant cette période se produit une nouvelle vision qui dure une journée. Ancrage définitif.
Un après-midi de tension extrême à la maison, je sors prendre l’air. Dans la rue, je croise deux hommes en train de se battre. Je les regarde et ils deviennent « moi », puis un vieux monsieur vient me parler, il est en chaussons, me dit qu’il a bien connu Napoléon, il est « moi » lui aussi. Tout devient « moi », les gens sont le pur reflet de ce que Je Suis et cela ne cesse de rire intérieurement, un rire pur et innocent. Je vois que le scénario se déroule dans sa Beauté naturelle. Je Suis ce qui englobe tout et simultanément je vois ce corps Marion, relâché des tensions musculaires, et tous ses conditionnements. Ils sont vus très clairement. Les perceptions, comme le vent qui effleure le visage, sont avivées.
Tout apparaît en ce que Je Suis.
Et alors, ce n’est pas que rien n’a vraiment d’importance mais plutôt que tout est « placé », posé dans la perfection, une perfection sans contraire. Une quelconque volonté de contrôler ou « d’échapper à » n’a aucun sens. Les mots dansent, je comprends leur signification mais il n’y a plus d’accroche. Quel pas va se faire après celui-ci ? Je n’en sais rien, le temps n’est pas. Pur Amour, comment pourrait-il en être autrement ?
Aujourd’hui, il y a toujours étonnement pour ce qui émerge ici et une tranquillité paisible et douce de fond. La vision ‘affine chaque jour, gratitude infinie.
Rien n’a changé et à la fois tout change, c’est très subtil et je peux m’en apercevoir après coup. La famille est là pour me le rappeler. Lorsqu’une pensée émerge, je constate que le mental ne part plus dans l’histoire à venir ou passée, ou très peu, et si cela arrive cela ne dure pas et n’a de toutes les manières plus aucune importance, c’est ce qui est.
La peur des « autres », du monde, a disparu. La culpabilité aussi. Plus rien à défendre. L’amusement a pris place.
« Revenir à la Présence », cela se fait ou non, ou plus justement dit, il n’y a pas de mouvement puisqu’il n’y a personne pour actionner quoi que ce soit. Tout émerge, prend place et meurt, pas de bonnes ou mauvaises émotions, sensations ou pensées, elles sont vues dans leur beauté propre… énergie pure.
Et alors les ré-actions s’estompent et l’action se pose, naturellement.
Il est « su » qu’il n’y a aucun savoir ni même de non-savoir venant d’un « quelqu’un ». Confiance et Abandon.
La Vie Est, spontanéité de l’Instant.
Amour et Gratitude