D’un rouge flamboyant à la beauté éphémère, il est appelé le prince des champs
Voyez-vous ce coquelicot sur lequel butine une abeille ?
Le voyez-vous, je veux dire le voyez-vous véritablement ?
Prenons le temps de regarder ensemble, là, en cet instant, avec cette innocence légère de l’enfant, dans un silence exempt de penseur. Quelle est réellement notre expérience directe du coquelicot (ou de l’image coquelicot) ?
Une pensée survient pour le décrire : fleur, coquelicot, rouge, fragile, champ…… ces mots proviennent de la mémoire, un stockage entreposé, et assimilé au sujet de. Nous savons donc ce qu’est un coquelicot, un savoir tiré de ce que l’on vous en a dit ou que vous avez appris, un savoir jamais remis en question. Quel étonnement !
Puis une autre pensée : « il est à une certaine distance de moi ».
Qu’en est-il réellement dans notre expérience directe de l’instant ?
Je peux dire qu’il y a « voir » c’est indubitable. Mais où « voir » se produit-il ? Et au sein même de ce « voir », quelle distance y a-t-il entre moi et le coquelicot perçu ? Y a-t-il même quelqu’un qui voit et quelque chose qui est vu ? Y a-t-il même moi et l’expérience de « voir » ?
Intimement, il n’y a que « Voir ». C’est la pensée qui fractionne l’expérience en deux parties avec d’un côté ce que l’on imagine être moi qui vois et de l’autre ce qui est vu et que l’on imagine être un coquelicot.
Il en est de même pour les autres sens : entendre, toucher, goûter, sentir.
Et puis il y a Conscience de « voir », alors qui connait cette expérience ?
« voir » ne se produit pas à nous, mais en Nous, Espace Conscience. « voir » prend toute la place, il embrasse l’espace, il est déjà accueilli inconditionnellement. Magie du Regard.
Et si nous allions encore plus loin ?
De quoi « voir » est-il fait ? peut-on trouver un contenu, un contour, une limite à « voir » ?
Peut-on même trouver une frontière distincte entre « voir » et la Conscience de « voir » ?
« Voir » est un aspect de la Conscience qui se manifeste,
« voir » n’apparaît pas dans la Conscience, il en est substance intrinsèque,
La Conscience qui se connaît, se reconnaît, se contemple, juste pour la beauté de ce qu’elle Est.
Elle Est, et c’est l’Amour même, le retour du Fils au Père, l’unité sans Un.
Que l’expérience soit chatoyante, qu’elle brille ou non, elle Est.
Laissons vibrer cette évidence au plus profond de nous-même, cette reconnaissance intime au-delà de toute intimité, déjà inconditionnellement accueillie et embrassée.
A l’unisson d’un Cœur éternellement pur,
Emerveillement.