Lorsque nous échangeons avec une personne, les mots que nous employons, les arguments que nous mettons en avant sont bien souvent teintés, colorés de ce que nous avons déjà vécu, nos émotions, nos conditionnements, nos pensées.
La manière dont nous recevons ce que l’autre nous dit est alors aussi colorée de notre vécu.
L’histoire commence quand je crois que ces colorations sont la réalité, la vérité.
Si elles sont la réalité, alors je vais commencer à débattre, défendre ce qui est « vrai » pour moi.
Et ce qui est vrai pour moi devient ce que je crois être ma propriété, cela même qui me constitue, mon propre monde, mon identité.
Alors je suis prêt à tout pour « me » défendre, « me » protéger.
L’autre, qui est forcément dans l’erreur, doit comprendre, changer ou au moins entendre ce que je dis sinon je me sens mal pour tout un tas de raisons liées à l’image que j’ai de « moi ».
C’est le début de la souffrance psycho-émotionnelle car cette croyance entraîne dans son sillage une multitude de tensions corporelles et pensées crues liées à la volonté ferme de maintenir ce que je pense être.
Alors comment réussir à rejoindre l’autre ?
Et comment sortir de l’histoire souffrante ?
La sortie de l’histoire n’est pas dans un « faire » mais dans un « voir ».
Voir d’abord que la vie est faite de colorations, c’est ainsi. Il y a une multitude de points de vue différents, une multitude de visions du monde différentes, une palette de couleurs différentes, c’est ce qui en fait sa richesse.
Voir ensuite qu’il n’y a pas un point de vue plus « vrai » qu’un autre. Il faut penser que les arguments que je pose sont « les miens » pour commencer à vouloir les défendre.
Les colorations ne sont pas personnelles. Elles apparaissent, simplement.
Il n’y a alors plus rien à défendre, retenir ou rejeter.
Tout jugement s’estompe, toute volonté de maintenir un système de défense, de critique s’effondre.
Enfin voir que l’histoire ne me définit pas. Cela n’est pas ce que je suis. De fait, cela n’est pas non plus ce qu’est l’autre.
La détente, la respiration peut ainsi s’installer et venir libérer les tensions corporelles.
Alors la véritable communication ou communion peut se découvrir et se vivre sur un autre plan, un plan beaucoup plus profond que celui superficiel de l’histoire.
Nous pouvons nous rejoindre sur le plan de l’être, du coeur.
Au-delà de l’histoire se trouve ÊTRE.
Être est le même pour tous : présence neutre, espace de paix embrassant l’histoire, toute l’histoire, qu’elle soit joyeuse ou lourde.
Découvrir et incarner « être » rend l’histoire transparente, sans densité, elle passe à l’arrière-plan.
Être ne demande pas que l’autre soit différent, ni même que je sois autre.
Être accueille sans conditions.
Être infuse alors tout le corps et ouvre mon coeur à l’autre, sans conditions.
Cela ne peut être autrement.
C’est le pouvoir de l’Amour.
Il n’y a plus alors qu’un seul coeur.
Un seul coeur embrassant tous les coeurs.